Le gouvernement pourrait couper les vivres de « France Soir ». Ce n’est plus un journal, c’est un « blog ».
Hier en journal papier (de 1944 à 2011), « France Soir » n’existe plus aujourd’hui qu’en version numérique. Face aux critiques sur son point de vue complotiste et son manque de « professionnels », le média pourrait se voir couper ses subventions gouvernementales.
Une attaque politique, dénonce « France Soir ».
« France Soir » est à bout. A tel point que la direction tente de passer par une pétition (ici) pour avoir droit au chapitre de la dénonciation des politiques au pouvoir qui veulent museler le titre. Un soucis démocratique sur fond de lois médiatiques.
Le politique se dresse contre le média, qu’il n’estime plus être un organe de presse. Un changement qui s’est produit sur plusieurs années.
« Le 29 janvier dernier, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot a demandé que soit réexaminé le certificat officiel qui confère à France Soir le statut d’organe de presse » ; Site Internet de « France Soir ».
Le fait est que si « France Soir » n’est plus considéré comme tel, le budget qui est alloué est tout bonnement coupé. Au titre ensuite de trouver ses propres fonds pour poursuivre. S’il ne le peut pas, il coule, tout simplement.
Changements de décors et de discours journalistique.
Le site d’information est entré depuis 2019 (date à laquelle la direction a fait le ménage parmi ses journalistes) dans une phase un peu trouble. Il a essayé par tous les moyens de se sortir le tête de l’eau au prix de quelques sorties de route remarquées.
De ragots aux thèses complotismes, en passant par les informations a sensations, le titre a perdu de son prestige. C’est la crédibilité de ses articles qui est mise en cause par certains. Pour un site qui se dit d’information, inutile de dire que c’est une sacré problème.
Où sont les journalistes de la rédaction ?
Depuis des mois, le site Internet fonctionne sans journalistes. Avant ça, ils n’étaient que 4 à écrire pour « France Soir ». Le média aurait même réussi à ne tourner qu’avec des stagiaires.
Avec aucun salariés « légitimes » pour diffuser l’information, le site ne peut plus être considéré comme un « organe de presse ». C’est ce que l’on en dit au Ministère de la Culture.
Des amateurs dans les bureaux de « France Soir ».
Il faut avouer qu’un « journal » sans professionnels est plutôt étrange. Si le budget reste un problème crucial de tous les titres de presse, il faut un minimum pour être assuré de ne pas tomber dans du travail amateur.
Dans ce cas, et ce n’est pas une tare – nous serions gonflés de dire cela sur ALP – nous ne sommes plus dans un organe de presse mais un « blog ». C’est honorable et parfois plus intelligent que les médias traditionnels. On est toutefois pas juridiquement dans le même cadre.
Presse libre de tout : Oui mais … quand même …
Une presse libre est un presse à qui rien n’est interdit. Mais « rien » ne veut pas dire que « n’importe quoi » est permis. Le soucis de « France Soir » c’est que certains articles ont été dénoncés comme « faux ». Rien de moins.
A ce stade, on est plus dans la liberté d’écrire ses opinions ou ses analyses propres. L’invention de l’information est un problème, résumé depuis quelques années sous l’anglicisme de « fake news ».
Il y a ici une dénonciation légitime de la direction qui estime pouvoir écrire ce qu’elle veut sans être jugé par le politique. Mais il faut rester la tête sur les épaules ; personne ne peut accepter la publication de fausses informations.
Et pourtant, tous ont le droit d’exister.
Nous sommes toujours contre la volonté de museler la presse, du plus gros au plus petit média. Il faut imaginer une seconde le monde sans les médias pour se rendre compte de combien la presse est importante dans nos pays démocratiques. Et ce, malgré des erreurs que l’on reconnait bien volontiers et que l’on dénonce sur ALP.
Mise à part la teneur juridique et légal – qui impliquent des journalistes salariés – on ne peut accepter la dissolution d’un titre. S’il est si mauvais, faux ou délétère, il se suicidera très bien tout seul.
Les lecteurs doivent rester les seuls juges. C’est le meilleur curseur quand à savoir si un média a le « droit » ou non d’exister. Si « France Soir » a ses lecteurs, c’est qu’il est crédible à leurs yeux ou qu’il pose au moins les bonnes questions avec qui on peut ou pas être en accord avec les réponses.