La prison « une semaine sur deux ». Pour les petits délits c’est jouable, mais pas sans risques.
Koen Geens, Ministre de la Justice belge, pense à une solution pour le problème de la surpopulation carcérale : Il s’agit d’enfermer le détenu une semaine sur deux et non 24h sur 24. En y réfléchissant, c’est pas totalement idiot. Il faut ajuster quelques règles, faire en sorte qu’il y aie le moins de risques possibles et aménager un système « correct ».
Pour les petits délits, on peut penser que l’idée est à creuser. Mais ce n’est pas sans risques, comme le souligne « l’Open VLD » dans « Le Soir ». On craint le fait que le détenu comète de nouveaux actes condamnables ou qu’il ne rentre pas dans sa prison au moment convenu. Hors, souligne le Ministre, des prisonniers bénéficient déjà de « congés » pénitentiaires, pour un week-end ou plus. Et, dans la grande majorité des cas, tout se passe pour le mieux. Surtout pour les personnes qui ont été jugées pour des « délits mineurs » et au maximum à 10 ans de prison.
SUPER BONNE IDÉE ? PAS SÛR. LE MINISTRE, LUI, EN EST CONVAINCU.
Quand on parle de « petits délits », il serait fait référence à des actes qui ont été commis « sans trop de violence ». Jugement vague … Pour être plus précis (encore que …), le Ministre Geens parlerait de peines qui ne dépassent pas les dix ans. C’est ce qui pose question. Dix ans, c’est pas rien. En fait, quand on parle d’une peine aussi lourde, on ne pense pas tout de suite à des « petits délits ».
DIX ANS … CE SERAIT PAS UN POIL TROP ?
Une condamnation pour dix années ce n’est pas rien en Belgique. Si les citoyens se plaignent toujours des faibles peines pour des délits « graves », c’est que la justice a réduit ses sanctions au fil des années. Pourquoi ? Parce que les délits ont augmenté en intensité et en violence. Puisqu’il y a un seuil, on ne peut pas condamner une personne qui a volé un œuf comme celui qui a volé un bœuf. C’est aussi cela la justice. C’est ainsi que des faits qui pouvaient justifier des dizaines d’années sont réduites à quelques unes aujourd’hui.
Autre soucis : La surpopulation dans les prisons. En Belgique comme ailleurs, les prisons sont pleines. Certaines cellules prévues pour deux personnes sont occupées par le double de détenus. Pour tâcher d’éviter un surplus de prisonniers par rapport à ce qu’une prison peut héberger, les jugent sont un peu plus « cool » avec les peines d’enfermement.
Tout ça pour souligner que « dix ans de prison » et « petits délits » ne sont pas compatibles. Le Ministre peut avoir vu juste avec cette prison en alternance mais il a visé complètement à côté pour ses conditions. Au bout du compte, il loupe sa cible.
RISQUES LIMITÉS ; C’EST L’AVIS DU MINISTRE.
On imagine qu’un détenu puisse recommencer ce pour quoi il a été condamné. Qu’il fasse bien pire aussi. Qu’il tente de fuir, pour ne plus revenir en prison. Tout est possible. Mais la réponse du Ministre de la Justice face à ces inquiétudes est plutôt simple ; il y a déjà des sorties autorisées aujourd’hui.
Certains détenus, pour « bonne conduite » ou pour des occasions précises, peuvent s’absenter de la prison et retrouver leur liberté le temps d’un week-end, voir plus. C’est une libération provisoire qui, selon le Ministre, n’occasionne que fort peu de problèmes. Il est vrai que les prisonniers qui commettent des délits alors qu’ils sont de sortie sont largement minoritaires par rapport à ceux qui se tiennent tranquille. Ces derniers profitant de ce « congé » pour se réinsérer dans la vie sociale et familiale. Néanmoins, comme de bien entendu, il y a fatalement un risque. Celui-ci ne semble toutefois pas plus important que le détenu qui a fait sa peine, que l’on libère, et qui s’adonne à la délinquance à peine l’orteil dans les rues.
DU COUP, OÙ EST LA SANCTION DE L’ENFERMEMENT.
Si on entre dans ce système de « une semaine sur deux », le « jugé coupable » pourrait ne pas subir la sanction comme une punition stricte et ferme. Si on regarde la situation de bute en blanc, on peut se dire que l’emprisonnement ne serait plus une véritable punition dans le sens où on peut l’entendre (la privation de la liberté).
Sauf qu’une autre « vision », en prenant un peu de distance sur le sujet, peut venir bousculer ce premier sentiment. Lorsque le détenu est entre 4 murs « en alternance » avec des moments de liberté, il peut avoir un sentiment plus fort de la sanction. Une fois en prison, sans possibilité de sortie, le prisonnier prend ses habitudes et s’installe dans cette situation en s’adaptant. En lui rappelant qu’on lui prive de cette liberté en la lui rendant parfois, il comprend mieux l’importance que peut avoir le fait de faire ce que l’on veut, quand on veut, où on veut. En plus de quoi, on imagine que ces détenus seront nettement plus calmes et détendus. La liberté qu’on leur offre périodiquement est une bouffée d’oxygène pour leur équilibre. Avec une sanction de privation de la « semaine de liberté » qui planent sur leurs têtes, les détenus ont tout intérêt à se tenir tranquille pendant leur semaine d’emprisonnement.
PLACES DÉGAGÉES GRÂCE À CETTE MESURE.
En fait, on ne sait pas vraiment. Tout dépend des conditions qui pourraient faire pencher les juges vers cet emprisonnement en alternance. Le Ministre parle des « moins de 10 ans ». Sans doute, est-ce trop. Si on parle de « petits délits », il faut plutôt imaginer des peines maximales qui se jouent sur 3 ans maximum. C’est plus réaliste et surtout cette durée inclurait vraiment des délits que l’on peut estimer « mineurs ». Pour donner quand même un chiffre, nous dirons que ce seraient plusieurs centaines (environ 500) de cellules qu’il serait possible de libérer, une semaine sur deux.
PAS CONVAINCUE PAR L’IDÉE …
Une enfermement c’est un enfermement. Le Mot est clair il me semble. Cela doit rester une sanction selon moi. Avec des sorties comme celles-là, je ne vois pas bien où est la sanction « qui fait mal ». Et puis, le risque de voir des détenus dans la nature qui ne rentreront pas n’est pas un risque qu’il faut minimiser.