NEWS • MONDE • TUNISIE ----------------------------------------------------------------- Erdogan : "Une dérive autoritaire" pour ne pas parler d'une dictature. L'Europe met les formes pour ne pas agacer le président turc. -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Deux journalistes ont été arrêtés en Tunisie. L'excuse d'une collaboration terroriste et d'un coup d'État sont évoqués sans convaincre qui que ce soit. L'Europe temporise et parle d'une "dérive". -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Recep Teyyip Erdogan, récemment élu à la tête de l'État tunisien, continue sur sa lancée d'avant sa réélection. Après avoir fait sa loi dans les rédactions de deux journaux et deux télévisions, le président tunisien a fait arrêter deux journalistes. Officiellement, ils seraient soupçonnés de faire partie d'un groupe terroriste qui aurait pu préparer "coup d'État". Une version politiquement correcte et farfelue. Les deux professionnels de presse avaient été très critiques envers la politique Erdogan, avant, et pendant sa campagne. De plus, ils ont publié en "une" de leur journal un titre qui évoquait une guerre civile en Tunisie à la suite de sa réélection. Il n'en fallait pas plus pour que Erdogan imagine un plan pour les faire tomber.
En se basant sur une loi qui parle "d'insultes au chef de l'État", Erdogan aura lancé pas moins de 200 poursuites judiciaires contres des journalistes, selon . Certains médias, jugés "trop critiques", ont eu droit à des redressements fiscaux. Ce qui aurait fait couler plusieurs d'entre eux.
Et quand la justice ne suffit pas, d'autres techniques plus expéditives sont employées. Il y a quelques semaines, c'est un présentateur vedette de la télévision qui avait été violemment battu par des "inconnus" en pleine rue. Étrangement, ce professionnel de la télévision avait eu le malheur d'avoir été "désagréable" avec la politique tunisienne quelques jours plus tôt ...
La presse européenne parle de "dérives autoritaires". Personne n'ose parler d'une dictature qui cible clairement l'ensemble de la presse. En clair, Erdogan tient l'Europe à la gorge (pour ne pas dire par les couilles ...). -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Les politiques européens, comme la presse du continent, n'osent pas utiliser le mot de "dictature" en Tunisie. Pourtant, quand la presse n'est pas libre de ses propos, on peut en juger que nous ne sommes pas dans une démocratie. Et qui dit pas démocrate, dit souvent dictatorial. Surtout quand des arrestations arbitraires sont utilisées par les plus hauts responsables d'un État. Ce qui est le cas en Tunisie.
L'Europe ne veut surtout pas froisser Erdogan. Les européens comptent sur lui pour contenir les vagues de migrants qui viennent de Syrie. Ceux-ci devraient être "stockés" en Turquie en attendant des jours meilleurs. Ainsi, au nom de cette lutte contre l'arrivage de migrants, on donne une légitimité à Erdogan sans oser juger ses agissements en utilisant les mots justes.
Erdogan a dépassé depuis longtemps le stade de la dérive. Il attaque de front les journalistes et menacent les responsables des journaux sans se cacher. Pourquoi le ferait-il d'ailleurs. L'europe a besoin de lui et il le sait. En gardant les migrants dans son pays, il fait planer une belle menace sur la tête de l'Europe. A la moindre contrariété, il lâche les migrants. C'est un moyen tenace de pression que les européens se donnent pour obligation d'accepter. Quitte à faire payer le prix aux hommes et femmes qui se battent pour une presse libre en Turquie. ----------------------------------------------------------------- Auteur : STANISLAS HENDRIX - propulsé par acces-libre-presse.org
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